Dans les lignes qui suivent nous publions l’interview accordée, à l’hôtel Garden Court de Durban en Afrique du Sud, par le sélectionneur national de l’équipe de la RDC, Claude Leroy, à un groupe de journalistes congolais - de Top Congo, d’Antenne A et de L’Observateur - avant son déplacement pour la France.

Dans cette dernière partie, il a parlé de la titularisation de Patou Kabangu, de son équipe engagée aux éliminatoires de la Coupe du Monde, de sa démission et du capitanat de Léopards. Suivez-le :

Coach un autre sujet à polémique c’est Pathou Kabangu. Pourquoi l’avoir présélectionné et confirmé parmi les 23 ainsi que titularisé durant les deux premiers matches et pourtant il n’a pas joué la saison 2012 ?

C’est quelqu’un qui a beaucoup bossé avec nous il a perdu cinq kilos et il a retrouvé du rythme. Coulibaly, le capitaine du Mali, n’a pas joué  les six derniers mois. Il n’a pas joué un match mais il n’a raté aucun match depuis de la CAN. Tout ça ce ne veut rien dire. Tout ca ce sont les trucs qu’on entend. Les gens veulent parler. Pathou Kabangu, au début du premier stage à Port Elizabeth, il n’y a pas une seconde que je pensais l’alignerais. Parce qu’il était lourd  et il manquait de fraicheur il manquait de fond. Il a travaillé comme un fou. Il a gagné sa place. La place se gagne sur le terrain. Ca ne se gagne pas dans des salles de presse et non dans des réunions de journalistes. Le joueur c’est sur terrain qu’il montre qu’il veut gagner la place. Et Patou Kabangu a gagné sa place. D’ailleurs, il a fait un très bon premier match contre le Ghana. Très bon match.

Après, quand les gens disent une chose, bien évidemment il arrive un moment où ils ont toujours raison, parce qu’il arrive de moment ou un entraîneur rate un match ou un joueur rate un match. Mais ce n’est pas après le match qu’il faut dire ça c’est avant le match qu’il faut le dire.
Les éliminatoires de la Coupe du Monde approchent.

Vous allez garder la même équipe de la CAN 2013 ou elle sera renforcée dans certains compartiments ?

Je ne veux pas parler de ça aujourd’hui. C’est vrai l’énergie est tombée après l’élimination. C’était une grande tristesse. Je n’ai aucune hâte de me reposer. Parce que depuis deux mois on n’a dépensé une énergie dont on n’imaginait pas. Je pense que les joueurs me disaient on ne sait pas comment vous retrouvez ces ressources 16 heures par jour. Je travaillais 7 jours sur 7 en m’occupant de tout : des maillots, des équipements, des chaussettes, du staff, et pour les surpoids des bagages à Dubaï.

Je pense que je me suis donné comme je ne me suis jamais donné avec une équipe dans ma vie. Jamais je ne me suis donné comme ça.

Aujourd’hui je suis très loin de penser aux éliminatoires de la Coupe du monde. Ceci étant, par courtoisie, je vais répondre à votre question. Bien évidemment qu’il y a une ossature, je voulais dire  il y a une colonne vertébrale. Il faut l’améliorer. Ce n’est pas suffisant. Il y a des joueurs qui ne sont pas loin de la fin de carrière. Une équipe il faut presque la régénérer en permanence.

Dans ma vie ça été sans arrêt de régénérer les équipes. Il faut qu’on réussisse à convaincre certains joueurs à rejoindre l’équipe. Il faut que les petits locaux franchissent encore le palier. Ce qui n’a pas été tout a fait le cas aux entraînements de cette Coupe d’Afrique des nations. S’ils veulent franchir le palier de très haut niveau il faudra qu’ils s’améliorent. Je parle de Manzia et de Luvumbu qui ont beaucoup de qualités et qui ont beaucoup de talents. Ils ont besoin de se faire mal s’ils ne sont pas prêts à se faire mal on disparait de la circulation.

Chancel Mbemba a franchi un très grand palier. Il est tout près de l’équipe. Très très près. Ca doit être un défenseur d’un immense avenir. Je pense que les gens ne s’imaginent pas quels joyaux ils tiennent avec Chancel.  Mais bon il ne fallait pas non plus précipiter son entrée. Il avait du temps. Il ne faut pas bruler les joueurs très vite.

Puis le petit Bakala, il faut qu’il soit pris en training spécifique. Il a le potentiel. Je pense pour arriver, d’ici quelques années, au niveau de Thomas Nkono il a vraiment tout pour lui. Mais il faut qu’il travaille toute la technique de base. Ceux que ne font pas les jeunes parce les conditions d’entraînement ne sont pas bonnes, les ballons ne sont pas bons, parce qu’il n’y a pas assez, pas assez d’entraîneurs spécifiques dans les clubs. C’est un gamin dans le but.

Il a 19 ans mais il a un potentiel incroyable. Je pense ca sera avec Parfait Mandanda, le futur gardien de la RDC, bien qu’il n’a pas assez progressé dans cette compétition. Evidemment quelqu’un comme Robert Kidiaba, va devenir un des cadres des entraîneurs des gardiens parce qu’il a de mentalité et le profil pour ça. Il doit devenir un grand cadre pour préparer les futurs gardiens de ce pays comme Mihayo doit devenir un cadre aussi de l’équipe nationale. Il y a des joueurs comme ça dans ce pays qui devaient intégrer rapidement le staff de l’équipe nationale parce qu’ils ont le profil pour apporter tout leur savoir, toute leur sagesse et toute leur expérience, toute leur intelligence. C’est comme ça l’équipe évolue. Ce n’est pas seulement les joueurs sur le terrain mais c’est aussi tout l’encadrement. Mais l’ossature est là. Après on verra qui pour diriger cette équipe. Ce n’est pas le débat.

A la veille du dernier match du premier tour contre le Mali, vous aviez annoncé entre les lignes votre démission. Qu’en est-il au juste ?

Vous lisez mal entre les lignes. Je n’ai pas dit ça. J’ai toujours dis les choses telles que je les récent. Je ne rencontre pas d’histoire. Je ne juge pas d’autres entraîneurs. Il y a trop d’entraîneurs qui ne pensent qu’à eux et qui disent moi ceci et cela. Moi je suis à la disposition d’une équipe, à la disposition d’un pays. Je suis entrain de me battre pour une fédération à qui on ne donne pas assez de moyens. Des moyens structurels, des moyens organisationnels pour pourvoir sans dépenser des fortunes. Ce n’est pas ça. Avec des réalités africaines, pour pouvoir bâtir sur le long terme. On est toujours entrain de travailler dans l’urgence. Vous savez très bien, même vous dans votre métier, c’est beaucoup plus facile d’être journaliste en Europe que d’être journaliste en Afrique. Votre métier je le fais bien longtemps avant que vous ayez commencé à le faire. Je sais à quel bien c’est difficile pour le déplacement, pour le visa, pour payer le taxi, pour trouver un hôtel, pour le restaurant, pour arriver au stade. Pour tout c’est compliqué. Or dans le football vous avez les joueurs qui jouent dans les grands clubs et qui sont habitués à de confort.

Moi par exemple, depuis deux mois je lave tous mes équipements tout le jour tout seul sous ma douche après chaque entraînement. Il n’y a pas une note de nettoyage Claude Leroy. Je nettoie tout le jour mes shorts, mes chaussettes,… parce qu’il faut aussi savoir travailler en Afrique.  Alors, ce qui m’a dégouté et qui m’a choqué, quand j’entends on parle de mon salaire et tout. En plus en mentant en annonçant mon salaire et pourtant c’est un salaire auquel je paie mon adjoint. C’est de mensonge. Quand je pense des sacrifices que je fais faire à ma famille pour revenir en RDC parce que le Président m’a demandé par rapport à ce qu’on me proposait ailleurs où j’aurais gagné mais en toute  tranquillité et en toute sérénité vraiment sans avoir aucune pression et tout. Ca m’a choqué  et ça m’a fait mal. Ca m’a beaucoup touché. Donc à ce moment là je me dis que moi je fais tout ça et on trouverait mieux de parler de double prime alors que la double prime est depuis la nuit de temps tous les entraîneurs au monde ont la double prime. Et puis certains ont beaucoup même le triple prime parce que ce métier c’est un métier d’exposition. On ne sait très bien l’expérience de vie des entraîneurs.

Moi je suis un entraîneur qui est resté longtemps et partout qui a la chance de rester toujours jusqu’à la fin de mes contrats. Regarder l’expérience de vie des entraîneurs. Quand je vois qu’on se sert d’un argument démagogique, à des fins quelque fois politique, pour annoncer mon salaire en mentant en plus sur mon salaire réel. J’ai dis moi je vais publier tous mes contrats que j’ai eu depuis dix ans. On va voir à quelle condition je suis revenu en RDC. Ca m’a beaucoup choqué. Ca m’a rendu très triste parce que j’ai reçu de sms en disant qu’on nous avait dit que vous gagnez tellement des fortunes. On est étonné que vous ayez un si petit salaire. Je dis je n’ai pas un petit salaire par rapport au Congo. J’ai un très gros salaire par rapport à l’immense majorité de gens. Moi je ne touche pas un centime en dehors de mon salaire. Tout est net et clair. Il n’y a pas de magouille.

Je pense il y aurait moyen de payer mon salaire facilement au Congo comme le Président Kuffour, Président de la République du Ghana, avait fait en disant aux Mines d’or vous allez payer le salaire du coach. Vous êtes des sud-africains vous venez exploiter les mines d’or au Ghana vous prenez en charge le salaire de l’entraîneur et de son staff et vous allez participer à l’achat d’un bus pour l’équipe nationale.

Voilà ce qui doit se faire en RDC. Il y a des multinationales qui viennent, passez moi l’expression, qui pillent le sous sol de ce pays.

Qui font des fortunes sur les sous sols de ce pays. Il faut peut être qui renvoient ça en éducation, en santé, en sport, qui sont les axes, quand même, les plus importants pour le  développement d’un pays. C’est pour cela je me suis dis à quoi bon je dois continuer à me battre jour et nuit pour les gens qui trouvent rien mieux que pour faire croire que ça va impressionner quelqu’un on balance de chose comme ça. C’est pour cela j’étais très abimé et que je dis je suis venu avec ma famille en disant bon  j’ai des propositions ça et là qu’est ce que je fais. Je m’en vais tout de suite. Et puis un moment je me suis posé la question parce que j’étais très choqué.

Ca été réglé parce que les joueurs sont venus me voir et m’ont dit si vous partez aucun d’entre nous reviendra. J’étais très touché. Je n’ai pas envie de bousiller le football au Congo. Je n’ai pas envie de ça. J’ai dit si je pars il y aura quelqu’un plus que moi qui viendra. Moi je vous ai amené en Coupe d’Afrique et un autre vous amènera  en Coupe du Monde. Je suis resté pour ne pas bousiller le football congolais. C’était un grand honneur de diriger cette équipe vu son comportement avec de grosses personnalités. Pas des joueurs faciles à diriger.

Le capitanat a, semble-t-il, posé problème. Mputu est-il à l’aise avec le brassard devant Mulumbu, Lualua et Mbokani ?

Il n’y a aucun problème de capitanat. Il y a plein de capitaines dans une équipe. Trèsor Mputu j’ai voulu lui donner le brassard pour lui donner un peu plus de capital confiance parce qu’il doutait et il avait perdu confiance en lui et le rythme de la compétition, après avoir été trainé dans la boue, vilipendé, en conflit terrible avec un arbitre, suspendu pendant un an des compétitions internationales et certains ne voulaient pas que je le sélectionne. Lui combien de fois il m’a dit s’il faut donner le brassard à quelqu’un il y a aucun problème. Youssouf Mulumbu ne m’a jamais demandé le brassard. Lualua il était hors question de lui donner le brassard. Il avait négligé un moment l’équipe nationale. Ca se mérite le brassard de l’équipe nationale.